« Le défi du grand débat » : point de vue de Marisol TOURAINE dans Midi-Libre

Sollicitée par Midi-Libre, j’ai rédigé un article paru ce jour dans le quotidien, intitulé « Le défi du grand-débat« . Vous pouvez le lire ci-dessous ou sur le site du Midi-Libre en cliquant ici.

Le point de vue de Marisol Touraine, ancienne ministre de la Santé de François Hollande et nouvelle récipiendaire de la Légion d’honneur.

« La France est aujourd’hui engluée dans une crise profonde, que le gouvernement a aiguisée en écartant les élus locaux et les acteurs sociaux. Aux revendications sociales et fiscales s’ajoutent désormais des exigences politiques d’autant plus difficiles à satisfaire qu’elles expriment autant le rejet du président de la République que des attentes de rénovation démocratique. La porte de sortie reste à inventer : le Grand Débat ouvre une perspective à laquelle chacun doit travailler mais son succès suppose que quelques conditions soient remplies.

La réponse sécuritaire ne suffira pas

Cette crise est préoccupante parce qu’aucune alternative politique n’émerge aujourd’hui et que l’esprit de responsabilité semble avoir déserté. La violence est inacceptable et doit être condamnée sans ambiguïté, par les élus de tous bords comme par les “gilets jaunes”. Mais de son côté, Emmanuel Macron a trop tardé à réagir et le gouvernement multiplie depuis les erreurs en ignorant les organisations syndicales réformistes ou en accumulant les couacs sur la taxe d’habitation pour ne prendre que ces exemples.

La réponse sécuritaire ne suffira pas. Le Grand Débat offre une opportunité politique à condition que chacun joue le jeu avec respect et que le pouvoir accepte l’idée qu’une réorientation de sa politique. D’abord, la mise en place d’un pilotage ouvert et indépendant s’impose, par exemple à travers l’installation d’une commission spécifique, présidée par deux ou trois personnalités respectées et indépendantes, associant syndicats, associations, personnalités qualifiées d’horizons divers.

Il faut cesser d’expliquer que le débat ne changera rien alors que des attentes s’expriment avec force

Ensuite, les discussions doivent être ouvertes : il appartiendra à la commission, garante du bon déroulement du débat, d’expliquer pourquoi elle retient ou pas certains sujets. Enfin, il faut cesser d’expliquer que le débat ne changera rien alors que des attentes s’expriment avec force et que prévaut le sentiment d’un manque de considération : c’est en associant les partenaires, en inventant une nouvelle articulation entre démocratie représentative et démocratie participative que le pouvoir ouvrira un débouché politique à la crise. »


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