Jeudi 19 janvier, Marisol Touraine présentait ses voeux de Présidente du Conseil général aux personnalités et aux forces vives de l’Indre-et-Loire. Vous trouverez ci-dessous l’intégralité de son discours.
Voeux de Marisol Touraine
Seul le prononcé fait foi
Je suis heureuse de vous accueillir pour la première fois ici en ce début de 2012. Votre présence, nombreuse, témoigne de l’importance de ce moment qui, en plus de nous réunir dans une ambiance conviviale, permet au département de vous faire part de ses résolutions et de ses ambitions pour l’année qui vient.
Avant de vous les présenter, je ne peux pas ne pas évoquer les deux grands rendez-vous que nous a fixés la démocratie cette année. Rassurez-vous.
Même si mon engagement en faveur de l’un des candidats est connu, je ne me livrerai pas ici à un discours électoral. En tant que Présidente du Conseil général, le seul travail de conviction que je souhaite mener, est celui visant à agréger les forces vives que vous représentez, au développement de l’Indre-et-Loire.
Mais passer sous silence ces échéances qui vont capter l’attention de nos concitoyens durant les mois à venir vous aurait sans doute paru d’une pudeur excessive. Vous auriez eu raison.
Les passions politiques, dont notre pays a parfois le secret, vont s’exprimer, les projets se confronter, des hommes et des femmes s’engager. C’est heureux et cela prouve la vitalité de notre démocratie.
Que ce débat puisse se dérouler dans le respect des opinions et des personnes en prouverait la maturité. J’y aspire et c’est la ligne de conduite à laquelle je me tiendrai personnellement. Je sais pouvoir compter sur l’ensemble de mes collègues conseillers généraux pour faire de même. La qualité de nos échanges au sein de l’assemblée départementale en témoigne. Je tiens ici à les en remercier.
Si la France est dans le temps de la discussion, le département lui est bien dans celui de l’action. Il ne se laissera pas distraire par la scène nationale mais la suivra attentivement car ce qui s’y passe n’est pas sans effets sur notre vie quotidienne, ici, en Touraine. Et malheureusement, ces effets ne sont pas aujourd’hui des plus favorables.
C’est dans un climat d’inquiétude que débute 2012. La crise frappe durement notre pays.
Les politiques qui lui ont été opposées n’ont pas su l’enrayer. Aujourd’hui, l’État est nu faute d’avoir su ou voulu opérer de véritables choix. Car ce que sanctionne la perte du triple A, dont personne ne saurait se réjouir, ce n’est pas tant le niveau de notre dette. Celle de l’Allemagne est aussi importante. C’est l’insuffisante prise en considération de l’avenir dans le train de vie de notre pays.
Les collectivités sont maintenant montrées du doigt. Elles dépenseraient trop, embaucheraient trop, augmenteraient trop les impôts.
Pourtant, elles ne contribuent pas au déficit public, leurs budgets sont votés en équilibre.
Elles contractent de la dette. C’est vrai mais celle-ci finance l’investissement productif, pas le fonctionnement quotidien.
Elles ont vu leurs effectifs s’accroître. C’est vrai mais c’est en grande partie sous l’effet de transferts de personnels voulus par l’État.
Faute de trouver des solutions, on invente des responsables. La crise pèse déjà suffisamment sur les pouvoirs locaux pour que ceux-ci n’aient pas à supporter une leçon de morale quant à la manière de tenir leurs finances.
J’en veux pour preuve la situation de notre département.
La montée en puissance de la crise, nous l’avions vu venir. Le rapport étroit et quotidien que nous entretenons avec nos concitoyens nous a permis d’en sentir les prémices avec peut-être plus d’acuité que d’autres.
Toujours est-il que le Conseil général a fait preuve d’anticipation. Pour ne pas être contraints à l’austérité forcément brutale, nous avons emprunté la voie de la sobriété choisie et justement partagée.
Celle-ci ne consiste pas à intervenir chichement mais à poser une stratégie de long terme établissant des priorités et à les financer en partant de ce que l’on a et pas de ce que l’on pourrait emprunter. Cela demande des arbitrages constants entre les projets et dans les moyens employés.
Ce travail, souvent âpre, a été conduit ici. Elus et services s’attellent à créer de nouvelles marges de manœuvre, à traquer les dépenses qui pourraient être mieux employées, à réorienter les actions pour les rendre plus efficaces. Et cela paie. En 2011, sans pour autant baisser son niveau d’investissement, le Conseil général, pour la première fois depuis de nombreuses années, diminuera son endettement et d’une façon tout sauf symbolique. Les comptes sont en cours de clôture mais nous savons d’ores et déjà que le stock de notre dette sera allégé de 12 millions d’euros.
Cet effort est d’autant plus difficile à réaliser qu’en période de crise, le Conseil général assume une responsabilité plus grande qu’à l’ordinaire.
Il lui faut soutenir les Tourangeaux confrontés aux maux de la vie ou à ceux de l’époque : la dépendance, le handicap, le chômage et la précarité. Nous ne nous limitons pas, comme on l’entend trop souvent, à la distribution d’allocations. Le département innove, expérimente, invente de nouveaux chemins vers l’autonomie et se rapproche des Tourangeaux en créant 9 maisons départementales de la solidarité. Les moyens mis en œuvre ne sont pas seulement des dépenses sociales. Ce sont avant tout des investissements, des investissements humains.
Il faut aussi soutenir les territoires en les dotant d’infrastructures performantes.
En la matière, le rythme s’accélère : achèvement du boulevard périphérique nord-ouest, réalisation des déviations de Ligueil et de Château-la-Vallière, financement de la première ligne de tramway de l’agglomération, lancement du réseau numérique départemental à très haut débit.
Ce sont des millions d’euros investis dans l’équilibre départemental mais aussi dans la qualité de vie des habitants et la compétitivité des entreprises. Cette intervention sera rendue plus efficace encore par un partenariat approfondi avec les communes et leurs groupements. Leurs finances sont éprouvées et leur liberté d’action malmenée.
Malmenée par un manque de moyens sans doute, mais aussi par manque d’écoute comme cela a été le cas lors de la tentative de refonte de l’intercommunalité. Nous les aiderons à conforter leurs capacités d’action sur le long terme dans le cadre de contrats qui seront conclus d’égal à égal en vue de soutenir leurs projets de territoire.
Il faut enfin, peut-être surtout, favoriser le développement économique sans lequel il ne peut y avoir d’emplois. Là encore, le Conseil général opère des choix clairs : accompagner les PME, financer la recherche et la formation.
Accompagner les PME car leur réactivité permet à l’Indre-et-Loire d’absorber les soubresauts de l’économie et de voir le marché de l’emploi moins dégradé ici qu’ailleurs. Le dispositif « Atout éco 37 » sera clairement orienté en faveur de leurs projets de développement que cela soit en matière d’immobilier ou d’innovation.
Financer la recherche et la formation parce qu’elles seules nous permettront de structurer de véritables filières industrielles porteuses d’emplois.
2012 verra le département s’engager aux côtés de l’Université dans la création de l’Institut des Biomédicaments et Cosmétiques. L’Indre-et-Loire est bien positionnée dans le domaine de la santé, nous voulons y pousser notre avantage.
Conforter l’existant est indispensable mais ne suffit pas. La nécessaire transformation de notre société passe par la refondation de notre pacte social. Là encore, le Département ne se cache pas derrière ses compétences traditionnelles.
Il les dépasse pour s’engager en faveur de la jeunesse, de la santé et du logement, trépied sans lequel aucune société ne peut espérer tenir debout.
Aujourd’hui, nos enfants sont méfiants. Ils ont l’impression que la société leur refuse ce qu’elle nous proposé.
Les systèmes de solidarité ? Ils ne les croient plus assurés.
L’emploi ? C’est en France qu’ils y ont le moins facilement accès.
Le logement ? C’est la catégorie de la population pour laquelle ce poste est le plus lourd à porter.
Nous devons aider la jeunesse à prendre pied dans la vie. Le Conseil général proposait déjà les dispositifs « Atout jeune formation » et « Atout jeune santé ». « Atout jeune logement », aide à l’installation permettant de financer une caution, un premier loyer ou de premiers équipements est venu enrichir cette palette en 2011. Ce dispositif sera étendu pour concerner plus de 300 jeunes en 2012.
Ces aides valent pour la génération en passe d’entrer dans la vie active. Pensons déjà aux suivantes en innovant en faveur de leur éducation.
Le Conseil général, qui a sous sa responsabilité les collèges, ne peut rester cantonné à un rôle d’administrateur de biens en la matière. Il s’est saisi pleinement de cette compétence pour non seulement contribuer à la qualité de vie de nos enfants mais plus encore à leur réussite.
Une large concertation a donc été initiée pour bâtir une grande politique publique envisageant tous les aspects de la vie collégienne. Elle prendra fermement corps dans notre budget 2013.
Cette phase d’échange n’empêche pas des engagements forts dès cette année : reconstructions complètes des collèges d’Azay-le-Rideau et Neuillé-Pont-Pierre pour un total de 36 millions d’euros, extensions et restructurations de collèges à Joué-lès-Tours, Chinon, Montlouis et Tours, réaménagement des demi-pensions comme à Montrésor ou encore poursuite du plan d’équipement numérique des établissements pour 2 millions d’euros.
En complément de ces investissements lourds nous prenons des initiatives pour améliorer les conditions d’apprentissage de nos enfants et garantir une présence forte des services publics dans les territoires ruraux, ce qui est une de nos exigences ; ce sera le cas à Richelieu et au Grand-Pressigny dès la rentrée prochaine avec l’installation de regroupements scolaires primaires au sein même de nos collèges.
En matière de santé, dans une région en proie à la désertification médicale, l’Indre-et-Loire a la chance de disposer d’un nombre de praticiens conforme aux standards nationaux. Mais ceux-ci sont concentrés dans les zones urbaines laissant des pans entiers de notre département sans couverture médicale de proximité. En plus du risque sanitaire évident, cette situation contribue à vider nos territoires ruraux de leur population. Le Conseil général s’engage avec le cofinancement de 6 maisons pluridisciplinaires de santé.
Le logement est le troisième pilier de cette société en devenir. Le département s’est doté de tous les instruments à sa disposition pour réguler le marché immobilier en développant une importante offre publique.
Aujourd’hui, grâce à l’action de Val Touraine Habitat, plus d’un Tourangeau sur 10 est logé dans le parc social départemental. Ce parc est sans cesse étendu, sans cesse réhabilité avec, et c’est nouveau, une attention soutenue en direction des économies d’énergie.
Celle-ci a permis dans plus de 6.000 logements de diminuer les charges de chauffage en moyenne de 200 à 300€ par an qui sont autant de pouvoir d’achat retrouvé pour les locataires.
En augmentant de 26% son investissement en faveur du logement en 2012, le Conseil général entend peser davantage encore sur cette question essentielle.
Le département ne cultive donc plus les habitudes. Il sort sans hésiter de son champ d’action habituel pour répondre aux besoins de l’époque et à ce titre, il doit aussi entendre les attentes de celle-ci. Le débat et la concertation en font partie et permettent d’enrichir la décision publique.
C’est donc sans réserve que le Département engage la discussion avec l’ensemble des acteurs concernés par ses projets et ses ambitions mais c’est également sans hésiter qu’une fois ce débat conduit, il prend les décisions.
Le Conseil général anime 550 millions d’euros de budget, ce sont 550 millions d’euros de service public, 550 millions d’euros d’intérêt général. Imaginons-nous quelques secondes confrontés à la crise sans ce contrepoids !
Nous serions déjà exsangues, vaincus. Cette simple évocation suffit à convaincre chacun de l’importance du secteur public en France et de l’engagement de ses agents qui méritent mieux que les débats spécieux sur leur soit disant trop grand nombre. Je tiens à leur témoigner publiquement ce soir ma reconnaissance pour le travail accompli.
« Dans les crises, le cœur se brise ou se bronze » écrivait Balzac. En Touraine, nous avons le cœur solide, nous le prouverons une fois de plus.
Les efforts qui nous attendent ne doivent pas nous faire oublier ce qui fait le sel de la vie, bien au contraire, profitons plus encore des petits et grands bonheurs qui se présenteront à nous.
Je vous souhaite ainsi santé, bonheur, prospérité pour 2012 et je forme le vœu que cette année vous soit douce et favorable ainsi qu’à vos proches.
Je vous invite maintenant à célébrer cette nouvelle année, convivialement, autour des spécialités tourangelles préparées par les cuisiniers du Conseil général et leurs équipes. Ils y ont passé beaucoup de temps, mis beaucoup d’attention et le résultat est à la hauteur de l’amour qu’ils nourrissent pour leur métier. Je les en remercie sincèrement.