Retraites : «Le débat a largement eu lieu pendant la campagne»

Ci-dessous, retrouvez un entretien de Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales et de la Santé, publié dans le journal Libération (édition du jeudi 24 mai). Propos recueillis par Nathalie Raulin.

«Le débat a largement eu lieu pendant la campagne»

A peine en poste, et la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine doit rendre des comptes. Le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, demande son audition par le Parlement sur la réforme des retraites. Il a également demandé à rencontrer le Président et le chef du gouvernement. Mais, pour la ministre, ce premier round est d’abord l’occasion de marquer sa «volonté de travailler autrement avec les partenaires sociaux».

Votre intention de modifier le dispositif des retraites par décret a fait sorti de ses gonds le président de l’Assemblée nationale, qui vous accuse de «bafouer» le Parlement. Qu’en pensez-vous ?
La droite fait aujourd’hui preuve d’une sensibilité à ces questions à laquelle elle ne nous avait pas habitués. L’objectif, c’est la concrétisation rapide d’un des grands engagements du président de la République : prendre une mesure de justice immédiate en autorisant le départ à la retraite à 60 ans de personnes qui ont commencé à travailler jeunes et qui ont cotisé la durée requise. Sur le plan juridique, cette disposition relève d’un décret. Sur le plan politique, le débat a largement eu lieu pendant la campagne. La droite, on le sait, s’y est opposée vigoureusement. Les Français ont tranché le 6 mai.

Comment comptez-vous procéder ?
Avant toute chose, nous entendons consulter les partenaires sociaux. Le Premier ministre va les recevoir le 29 mai pour évoquer l’ensemble des points à l’ordre du jour de la conférence sociale de juillet. De mon côté, j’ai déjà eu des contacts informels avec eux. Je les consulterai formellement la semaine prochaine. Tout cela n’est pas purement formel. Nous avons la volonté de travailler autrement, dans le dialogue et le respect des partenaires sociaux.

Sur quoi porteront les consultations ?
La réforme adoptée par le gouvernement Fillon en 2010 a été particulièrement injuste pour tous ceux qui ont commencé à travailler jeunes. Le président de la République s’est engagé à répondre rapidement à cette situation. Nous allons discuter, avec les partenaires sociaux, des modalités précises de cette mesure, sans a priori. A l’issue de ces consultations, je ferai une proposition au Premier ministre.

Quel sera le coût de cette mesure pour les finances publiques ?
Le financement de cette mesure est prévu. Elle devrait concerner environ 100 000 personnes par an. Le coût exact dépendra des modalités précises retenues. Quoi qu’il en soit, nous resterons dans le cadre financier annoncé par le président de la République pendant la campagne.

Comptez-vous en rester à cette mesure d’urgence en matière de retraite ?
Non. Dans un deuxième temps, nous définirons de nouvelles perspectives pour les retraites, qui soient à la fois justes et financées. Cela fera partie des sujets que le Premier ministre abordera avec les partenaires sociaux.