Marisol TOURAINE : « L’allocation de rentrée scolaire est un vrai complément de revenus »

Vous trouverez ci-dessous une interview de Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales et de la Santé, publiée dans La Voix du Nord au sujet de la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire. Les propos ont été recueillis par Eric Dussart.

La nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, nous a reçus hier afin d’expliquer les conditions de la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire annoncée le matin en Conseil des ministres. Comme le président de la République mardi soir sur France 2, elle donne l’image d’une ministre « dans l’action », et non dans la transition. Et déjà dans l’actualité brûlante.

« J’ai présenté, en Conseil des ministres, l’annonce de la revalorisation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire. C’était un engagement de la campagne de François Hollande, et c’est sans doute la première mesure de politique gouvernementale présentée en Conseil des ministres. Elle était clairement identifiable et très attendue, nous avons donc choisi d’agir vite. D’autant qu’il est important que les familles perçoivent l’allocation le 20  août, pour les courses de rentrée scolaire. »

En mesurez-vous précisément l’impact ?
« Trois millions de familles sont concernées, cinq millions d’enfants, de six à dix-huit ans, qui sont soit à l’école, soit en apprentissage. Pour un enfant de six à dix ans, l’allocation passe par exemple de 284,97 euros à 356,20 euros. Pour une famille de deux enfants, cela représente environ 150 euros en moyenne… »

Avez-vous envisagé une forme de contrôle de l’utilisation de cet argent par les familles ?
« Nous connaissons cette réserve, souvent exprimée. mais nous avons à notre disposition une étude réalisée par la caisse nationale des associations familiales qui révèle que 90 % des familles utilisent cet argent pour le matériel scolaire ou les vêtements des enfants, et 10 % pour les frais de cantine ou le matériel de sport.

Il existe sans doute des dérives, mais elles sont donc très rares.

Les systèmes de contrôle ou les bons d’achat envisagés étaient compliqués et coûteux à mettre en place. Mais ce n’est même pas mon argument principal, dans la mesure où cette étude réalisée sur 10 000 familles par une autorité indépendante, incontestable et apolitique est aussi rassurante. »

Les conditions d’attributions, elles, ne changent pas ?
« On pourrait réfléchir à l’évolution du dispositif mais il donne satisfaction. Encore une fois, notre souci était d’être prêt pour le 20 août.

Pendant la campagne, les gens nous disaient souvent que la rentrée coûte de plus en plus cher, alors que cette allocation n’a pas été revalorisée de manière significative depuis 2008.

Elle est devenue un complément de revenus très attendu par les familles, que ce soit pour le cartable, le matériel, ou même les vêtements. D’une année à l’autre, un enfant, cela grandit, et on ne peut pas toujours entamer une nouvelle année avec les vêtements ou les chaussures de la précédente… »

Quel est le coût de cette revalorisation ?
« Il est de 372 millions, qui sont financés. J’ai rencontré le ministre du Budget, c’est prévu : l’argent sera sur le compte afin que nous puissions le verser pour le 20 août. »

Vous avez par ailleurs une actualité plutôt intense ?
« Oui, ce ministère fait partie de ceux qui risquent d’avoir une actualité régulière – et chaude. Nous devons répondre à des attentes très fortes, tant sur le fond de notre politique que sur les mises en oeuvre. Les Français comprennent que nous ne pouvons pas tout, tout de suite. Ils savent qu’on ne rasera pas gratis. Mais ils veulent que le changement soit concret.

Mardi, j’ai participé aux rencontres du Premier ministre avec les organisations syndicales et patronales, et je les reçois une nouvelle fois ce mercredi. Le sujet est cette fois une autre mesure annoncée pendant la campagne présidentielle qui permettra aux personnes qui ont commencé à travailler jeunes et qui ont cotisé la durée requise de partir à la retraite à 60 ans. C’est une mesure de justice en direction de ceux qui ont été le plus durement impactés par la réforme de 2010. »

CC photo : PHILIPPE PAUCHET