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Réchauffement climatique, accroissement des inégalités, menaces sanitaires nouvelles et aiguës… L’humanité fait face à des périls d’une ampleur inconnue à ce jour car vitaux dans leurs enjeux, globaux dans leur dimension et de plus en plus interdépendants dans leurs effets.

Le poids de ces défis peut tétaniser, voire désespérer. Par où commencer ? Avec qui ? N’est-il déjà pas trop tard ?

La conférence de reconstitution du fonds mondial contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, qui se tient à Lyon à partir de demain, à l’initiative d’Emmanuel Macron, doit nous rappeler que nous sommes capables de relever de tels défis, et que nous avons le devoir de le faire. Demain s’ouvre une rencontre cruciale pour l’avenir de l’Afrique notamment. Nous pouvons et devons faire le choix collectif d’accélérer nos efforts contre les pandémies mondiales. Et d’y consacrer les moyens nécessaires.

Il n’y a pas si longtemps, au début des années 2000, être malade du SIDA revenait à être condamné et dans certaines régions du monde, la question n’était pas de savoir si on allait être frappé par la tuberculose ou le paludisme, mais tout simplement si on allait y survivre. Ces trois pandémies  à elles seules détruisaient plus de 5 millions de vies chaque année dont une majorité d’enfants.

Depuis, la mortalité liée à la tuberculose a diminué de 18%, celle liée au VIH de 38% et celle du paludisme de 62%.  Le nombre de nouveaux cas de contamination par le VIH a chuté de 36%, de 41% pour le paludisme.

Derrière l’aridité des pourcentages, ce sont des dizaines de millions de destins rendus possibles, de dizaines de milliers de communautés renforcées, en meilleure santé, contribuant à l’avancée de leur pays sur la voie du développement.

Les progrès effectués en moins de vingt ans sont impressionnants et l’espoir d’éliminer complétement ces 3 pandémies à l’horizon 2030, est ambitieux, car on meurt toujours du sida, du paludisme et de la tuberculose dans les pays pauvres. Mais cet espoir est réel et le succès est possible, à condition que tout le monde s’engage politiquement et contribue financièrement. 

Car qu’est ce qui a permis de tels progrès ? Un changement d’approche permettant l’émergence de nouveaux acteurs complémentaires tels qu’Unitaid et le Fonds mondial, organisations nouvelles rompant avec les contraintes des cadres internationaux traditionnels mais fonctionnant en cohérence avec ceux-ci ; des organisations dans lesquelles les Etats, bien qu’en étant les principaux financeurs, ont su partager le leadership avec d’autres, fondations, ONG, représentants des communautés de malades ; des organisations qui développent une stratégie d’innovation et d’investissement partant des besoins et portant des réponses concrètes, accessibles et endossables par les systèmes de santé locaux ; des organisations qui ne s’opposent pas par principe au marché mais se sont mises en capacité de l’orienter ; des organisations, enfin, qui mesurent précisément leur impact et rendent compte en toute transparence.

Un multilatéralisme pragmatique, donc, adossé à un engagement financier considérable, qu’il s’agit de poursuivre et d’amplifier. Car la maladie n’attend pas. 

Demain à Lyon, il appartient à tous de répondre à l’appel d’Emmanuel Macron : nous avons besoin de plus de ressources pour sauver plus de vies. Nous attendons des Etats ou des acteurs privés non contributeurs qu’ils s’engagent et des contributeurs qu’ils augmentent leurs financements, significativement. Nous l’attendons aussi de la France, dont le rôle pionnier est connu et respecté, qui le confirme par l’organisation de cette réunion au sommet, qui doit le confirmer  davantage encore par un engagement financier accru.* Le 21 juin dernier, le président français a lancé un appel à augmenter les ressources du Fonds mondial au-delà du budget actuel de 12,9 millards de dollars. Il lui appartient d’être au rendez-vous qu’il a lui-même fixé, à la hauteur des défis. Un succès à Lyon serait un succès pour la France, un succès pour sa présidence. 

Un succès est essentiel pour les populations auxquelles on doit de pouvoir vivre libérées de la menace de la maladie. Il l’est tout autant pour prouver aux jeunes générations que oui, nous sommes capables de surmonter les épreuves que l’époque nous adresse.

Marisol TOURAINE 

* A tous ceux qui s’inquièteraient de la pression budgétaire d’un tel surcroît d’engagement financier, je veux rappeler que la contribution française au Fonds Mondial comme à Unitaid est financée par la taxe existante sur les billets d’avion.

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